Tallinn and out

Notre 37ème et dernière conductrice est une femme ! Maia nous sauve in-extremis de l’averse. Elle rentre chez elle, à Tallinn, notre dernière étape « terrestre ». Elle avoue ne pas savoir pourquoi elle nous a invitées à monter. « Je ne prends jamais d’autostoppeurs mais quand je vous ai vues, j’ai eu envie sans réfléchir ». Ne pas faire peur, attiser la curiosité, l’envie de se connaître, voilà tout le concept de ce voyage. Sur ce point, le pari est réussi.

MaeaElle s’inquiète – comme tous les autres – de savoir si le stop n’est pas trop dangereux « pour des filles ». Nous lui expliquons – comme aux autres – que c’est justement parce que l’on est des filles qu’il est important de le faire. « Vous êtes des féministes ? ». Étrange comme dans sa bouche, le mot sonne comme une injure. Si être féministe c’est vouloir l’égalité, la liberté de penser et de se mouvoir, refuser que certaines activités ne soient réservées qu’aux hommes – plus « forts » plus « capables de se défendre », alors oui, nous sommes féministes. Maia, elle, dit ne pas l’être du tout. Elle aime que son homme gagne plus, lui achète de beaux vêtements, lui ai offert cette voiture. Elle apprécie les «tâches de femmes». « Tu veux dire le ménage ? » Oui, entre autres. Entretenir la maison, tout ça… Lire la suite

1,2,3 Sommeil

Art-deco-rigaBien qu’elle rivalise de beauté avec Prague ou Budapest, avec son centre-ville constellé de monuments de jadis, ses ruelles d’autrefois et son patrimoine architectural art-déco de naguère. Même si elle s’enorgueillit du titre de « Petit Paris du Nord » et que quelques ancêtres d’Aurélie hantent son enceinte fortifée… Nous nous demandons bien pourquoi (bordel, pourquoi ?) Riga est surnommée par les guides « la ville qui ne dort jamais »…

Car le moins qu’on puisse dire, c’est que l’activité nocturne n’y est pas précisément remarquable… Ce n’est pas faute d’avoir essayé pourtant. Nous avons marché, marché, en quête d’un bar où les serveurs ne seraient pas déguisés en ménestrels (héritage médiéval oblige). Après quelques tentatives avortées (on a pourtant trouvé The place to be, une ancienne usine, sans troubadours ni putes russes, mais où chacun reste sagement à sa table jusqu’à ce que saoulerie s’en suive), nous entreprenons de profiter plutôt de la Lettonie côté jour. Lire la suite

Bison futé et bonne étoile

Rarement notre bonne étoile n’aura été si étincelante. Elle s’était pourtant fait discrète ces jours-ci : tantôt réfrigérante lorsque que nous apprenons à l’accueil de l’hôstel « Oki Doki » de Varsovie que le prix des chambres est indexé sur le taux de remplissage – selon un système de cotation façon Wallstreet (plus ton dortoir est blindé, plus tu raques pour ton lit, logique…) – tantôt facétieuse quand elle nous pousse à prendre systématiquement les trams dans la mauvaise direction (nous en avons emprunté en une seul journée presque autant que de véhicules depuis le début de ce voyage) – chafouine, alors que nous parvenons enfin (après 38 trams) au musée de l’insurrection de Varsovie, le jour de sa fermeture (aux lecteurs qui souhaiteraient s’y rendre, c’est le mardi)…

aurelie-varsovie-bialystokÀ l’heure où nous avons quitté la ville cette fameuse étoile semblait même s’être totalement fait la malle derrière les nuages. La faute aux erreurs d’aiguillages et au musée fermé, nous étions en retard. La nuit n’allait pas tarder à tomber, tout comme l’orage qui menaçait.

C’est alors qu’elle a pointé le bout de sa queue de comète, penaude – regrettant probablement les quelques mauvais tours qu’elle venait de nous jouer ?

Car en plaçant Stanislav sur notre chemin, elle a fait d’une pierre deux coups.

Lui nous confie d’emblée qu’il culpabilise depuis 200 km de n’avoir pas vu à temps le précédent autostoppeur posté sous la pluie. Nous lui offrons donc la chance de se rattraper. Si ça peut soulager sa conscience, nous sommes doublement comblées. Lire la suite

War-shaw

« Varsovie est laide. Passez votre chemin, il n’y a rien à voir ».

carsovie-manhattanVoici ce que l’on nous avait maintes fois recommandé. Mais comme nous n’en faisons – toujours – qu’à nos têtes, nous avons tenu à en juger par nous même. Et grand bien nous en a pris. Car, si effectivement la capitale polonaise est plutôt austère à première vue, c’est toute l’histoire du pays qui est inscrite sur ses murs. Vieille ville, bâtiments hérités du communisme et constructions hyper modernes s’y toisent en chiens de faïence. Prise entre les feux des allemands et des russes, c’est l’une des villes ayant le plus souffert de la Seconde Guerre mondiale. 


vieille ville bdLorsqu’en août 1944, les résistants se sont soulevés contre l’occupant, il a fallu moins de deux mois à l’Allemagne nazie pour réduire leurs espoirs à néant et la cité en cendres. Cet été là, à l’instar du soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943, c’est la ville toute entière qui a tenté un sursaut héroïque. Suicidaire peut-être, mais pour que l’honneur (honneur dont le peuple polonais ne semble jamais s’être départi, ayant, même après la défaite initiale, refusé de signer l’armistice avec l’armée d’Hitler) demeure sauf.
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30.000.002 amis

panticeu-marc-roxanaRoxana et Marc ont tagué leur perron pour nous souhaiter la bienvenue. Elle Roumaine, lui Français, ont acheté et partiellement rénové ce que les villageois ont coutume d’appeler le « Castel », au centre du micro village de Darja aux fin fond de la campagne Transylvanienne. L’ancien manoir fut la demeure d’un baron hongrois, une poste sous l’ère communiste, une mairie, un bar clandestin… Avant d’être investit par ce couple singulier…

panticeu-transylvanieLui est venu en Roumanie monter une entreprise d’informatique. Roxana était l’une de ses employées. Ils sont tombés amoureux il y a neuf ans. Depuis, l’entreprise a fermé et Marc poursuit son activité en free-lance. Ensemble, ils souhaitent se lancer dans l’accueil des touristes (peu nombreux en ce presque-bout-du-monde). En vertu de notre partenariat avec BedyCasa, nous sommes parmi les premières à être hébergées dans leur chambre d’hôte.  

bouffe-mixLe moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils se plient en quatre pour nous recevoir. Marc concocte des plats aux petits oignons (confits) et fait du dressage sa priorité. On ne peut pas en dire autant pour ce qui est du dressage de la faune éclectique qui vit sous leur toit. 

Chats et chiens règnent ici en meute et sont traités en rois. Avec une autorité pas franchement «au poil», Roxana chouchoute ses petits protégés comme s’ils s’agissaient de ses enfants. Elle qui rêvait d’être vétérinaire brandit la cause animale en étendard. Nous pensons qu’elle plaisante lorsqu’elle nous prie de bien vouloir faire attention aux limaces dans l’herbe. « elles sont si inoffensives ». 

Quand, nous-mêmes amies des bestioles, lui avouons tuer un moustique de temps à autre (et uniquement en cas de légitime défense), elle rétorque que le combat est inégal. Leur piqûre n’est pas mortelle, certes. Mais de là à retenir nos gestes quand l’un de ces Dracula local se désaltère sur nos chevilles d’un cocktail sanguinolent…

Roxana-sisi-panticeuBrigitte Bardot ferait figure d’insensible notoire à coté de notre hôtesse, qui a les larmes aux yeux en nous racontant la récente campagne d’éradication des chiens errants à Bucarest. Nous nous retenons de lui raconter notre l’histoire de chauffeur équarrisseur bulgare


champignons-panticeu
Pour leur retour aux sources, Marc et Roxana se rendent chaque jour puiser l’eau de celle qu’il ont déniché à l’aide d’une baguette. Ils ne croisent que des charrettes tirés par des chevaux, se nourissent du bétail qu’élèvent les agriculteurs du coin et ont pour « spore » favori la chasse aux champignons… En guise de rite initiatique, ils nous conduisent à travers bois et partagent avec nous tout ce qu’ils savent des russules et autres bolets comestibles. 

Drum-bun-Bonne-route-roumain

Bonne route.

Accroupie dans la mousse, Roxana est aux anges. Elle hurle de joie en découvrant ses cèpes préférés. Plutôt timide et discrète au quotidien, elle se transfigure dans la nature. Dès que l’on aborde un sujet un peu personnel, elle se referme comme un coquillage. Mais dès qu’il s’agit de bêtes ou de plantes, elle est intarissable.

Un peu moins « trente millions d’amis » qu’eux, nous nous en serons au moins fait deux. 

Marines d’eaux douces

yavht-amaliapolis-volosNotre Odyssée en mer Egée ne pouvait se terminer sur un tel naufrage. La tempête passée, il fallait bien une journée en eaux calmes pour récupérer un rythme cardiaque acceptable.
Guy et Cléo, nos capitaines, ont rapatrié l’embarcation à bon/un port de pêcheurs au sud de Volos.


L’occasion rêvée pour nous exercer au « pouce subaquatique » dans une crique aux eaux limpides, en prévision du 11 juillet (pour le projet
33’Tour de Sandra, vous découvrierez ce jour le premier clip des P’tites Poucettes!).

Arbeit, Arbeit donc, comme nous avons coutume de dire à propos de notre emploi du temps chargé comme celui d’un ministre (ou d’un fonctionnaire des PTT, c’est selon) : trouver de nouveaux galets, les apprêter, rafistoler la pancarte, rédiger nos articles quotidiens, collecter des sons, définir les itinéraires, contacter nos hébergeurs… En somme, presque un travail de bureau !

Guy-Cleo-Sandra-bateauEt du travail, nos acolytes marins n’en manquent pas. Tous deux multi-entrepreneurs, avec des liasses de billets et des smartphones plein les poches, ils enchainent réunions informelles et coups de fils. En flamand, en anglais, en grec, en bulgare, ils gèrent leur production de tomates, de palettes de bois, de transport de fleurs, d’assurance, de moules (nous savons désormais que Léon ne se ravitaille pas qu’à Bruxelles…).

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