Leçons de (bonne) conduite

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En voiture on apprend beaucoup! Entre Panticeu (Roumaine) et Debrecen (Hongrie), nous sortons notre carnet et prenons note de quelques leçons d’usage dispensées par nos conducteurs.

(Ne) finis (pas) ton assiette!

Et Grèce, nous avions commis moult impairs en dévorant nos plats jusqu’à la dernière miette. L’usage veut qu’on laisse un peu de nourriture afin de montrer que l’on a les moyens de l’abondance et que le repas était suffisamment copieux.
En Roumanie, chez Niko et Georges, le couple qui nous a extirpé de Panticeu et nous a invité dans la foulée à prendre le goûter, notre appétit est vu d’un bon oeil. Les biscuits sont succulents. Impossible de nous retenir de les engloutir, tous sans exception… Heureusement, pour eux, finir son assiette est signe l’on a apprécié le repas. Et tant mieux si on en redemande.
Ici la gourmandise n’est pas un vilain défaut.

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En ligne avec Allo la Planète (sur le Mouv’).

Le conducteur suivant hélas déguste plus qu’il ne savoure. Souffrant d’une rage de dent, baffrer lui est déconseillé. Tout comme parler… Ainsi, il ne décroche pas un mot durant les deux heures que durent le trajet et ne peut qu’approuver ou contester d’un hochement de tête.

Apprends le ni-oui ni-non.
Avec lui, un « oui » se fait comprendre d’un hochement de tête de bas en haut. Comme en France. Mais en Bulgarie, c’est l’inverse : inclinaison de gauche à droite pour acquiescer. Comme un notre « non », donc. En Grèce, c’est dans le lexique que ça se complique : « oui » se prononce « né » et « non » : « ochi ». En Bulgare, « né » c’est « non ». Quand un Grec et un Bulgare se rencontrent, vous imaginez donc le quiproquo…

frontiere-roumanie-bulgarie-aurelie-georgioFerme la porte (des toilettes) derrière toi.
Georgio, roumain résidant depuis 13 ans en Italie, a vraisemblablement emprunté beaucoup aux usages de son pays d’adoption. Un rien macho, s’exprimant de tout son corps, il refuse d’admettre qu’il s’est trompé de direction et accuse le GPS  d’être à l’origine de l’erreur et insulte le « stupido » appareil à coups de « Cazzo » retentissants.
Quand on lui demande de faire une pause aux toilettes, il ne manque pas de plaisanter sur les femmes (ces pisseuses) mais conscent  à s’arrêter à la station essence suivante. Les cabines ne ferment pas à clé. Nous le découvrons en tombant nez à nez avec une Mama accroupie. Comme en Grèce d’ailleurs, où bien souvent, aucun verrou n’est installé. Penser à frapper aux portes – et espérer que les autres en fassent autant…

Fortes de ces enseignements, c’est à la lisière de la Hongrie nous nous s’apprêtons à les mettre en pratique – en attendant les probables contre-exemples et exceptions (culturelles) à venir.

 

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panticeu-marc-roxanaRoxana et Marc ont tagué leur perron pour nous souhaiter la bienvenue. Elle Roumaine, lui Français, ont acheté et partiellement rénové ce que les villageois ont coutume d’appeler le « Castel », au centre du micro village de Darja aux fin fond de la campagne Transylvanienne. L’ancien manoir fut la demeure d’un baron hongrois, une poste sous l’ère communiste, une mairie, un bar clandestin… Avant d’être investit par ce couple singulier…

panticeu-transylvanieLui est venu en Roumanie monter une entreprise d’informatique. Roxana était l’une de ses employées. Ils sont tombés amoureux il y a neuf ans. Depuis, l’entreprise a fermé et Marc poursuit son activité en free-lance. Ensemble, ils souhaitent se lancer dans l’accueil des touristes (peu nombreux en ce presque-bout-du-monde). En vertu de notre partenariat avec BedyCasa, nous sommes parmi les premières à être hébergées dans leur chambre d’hôte.  

bouffe-mixLe moins qu’on puisse dire, c’est qu’ils se plient en quatre pour nous recevoir. Marc concocte des plats aux petits oignons (confits) et fait du dressage sa priorité. On ne peut pas en dire autant pour ce qui est du dressage de la faune éclectique qui vit sous leur toit. 

Chats et chiens règnent ici en meute et sont traités en rois. Avec une autorité pas franchement «au poil», Roxana chouchoute ses petits protégés comme s’ils s’agissaient de ses enfants. Elle qui rêvait d’être vétérinaire brandit la cause animale en étendard. Nous pensons qu’elle plaisante lorsqu’elle nous prie de bien vouloir faire attention aux limaces dans l’herbe. « elles sont si inoffensives ». 

Quand, nous-mêmes amies des bestioles, lui avouons tuer un moustique de temps à autre (et uniquement en cas de légitime défense), elle rétorque que le combat est inégal. Leur piqûre n’est pas mortelle, certes. Mais de là à retenir nos gestes quand l’un de ces Dracula local se désaltère sur nos chevilles d’un cocktail sanguinolent…

Roxana-sisi-panticeuBrigitte Bardot ferait figure d’insensible notoire à coté de notre hôtesse, qui a les larmes aux yeux en nous racontant la récente campagne d’éradication des chiens errants à Bucarest. Nous nous retenons de lui raconter notre l’histoire de chauffeur équarrisseur bulgare


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Pour leur retour aux sources, Marc et Roxana se rendent chaque jour puiser l’eau de celle qu’il ont déniché à l’aide d’une baguette. Ils ne croisent que des charrettes tirés par des chevaux, se nourissent du bétail qu’élèvent les agriculteurs du coin et ont pour « spore » favori la chasse aux champignons… En guise de rite initiatique, ils nous conduisent à travers bois et partagent avec nous tout ce qu’ils savent des russules et autres bolets comestibles. 

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Bonne route.

Accroupie dans la mousse, Roxana est aux anges. Elle hurle de joie en découvrant ses cèpes préférés. Plutôt timide et discrète au quotidien, elle se transfigure dans la nature. Dès que l’on aborde un sujet un peu personnel, elle se referme comme un coquillage. Mais dès qu’il s’agit de bêtes ou de plantes, elle est intarissable.

Un peu moins « trente millions d’amis » qu’eux, nous nous en serons au moins fait deux.