War-shaw

« Varsovie est laide. Passez votre chemin, il n’y a rien à voir ».

carsovie-manhattanVoici ce que l’on nous avait maintes fois recommandé. Mais comme nous n’en faisons – toujours – qu’à nos têtes, nous avons tenu à en juger par nous même. Et grand bien nous en a pris. Car, si effectivement la capitale polonaise est plutôt austère à première vue, c’est toute l’histoire du pays qui est inscrite sur ses murs. Vieille ville, bâtiments hérités du communisme et constructions hyper modernes s’y toisent en chiens de faïence. Prise entre les feux des allemands et des russes, c’est l’une des villes ayant le plus souffert de la Seconde Guerre mondiale. 


vieille ville bdLorsqu’en août 1944, les résistants se sont soulevés contre l’occupant, il a fallu moins de deux mois à l’Allemagne nazie pour réduire leurs espoirs à néant et la cité en cendres. Cet été là, à l’instar du soulèvement du ghetto de Varsovie en 1943, c’est la ville toute entière qui a tenté un sursaut héroïque. Suicidaire peut-être, mais pour que l’honneur (honneur dont le peuple polonais ne semble jamais s’être départi, ayant, même après la défaite initiale, refusé de signer l’armistice avec l’armée d’Hitler) demeure sauf.

varsovie-carrefour-veloLes jeunes polonais que nous rencontrons aujourd’hui ont des avis divergents sur l’insurrection qui a conduit à la destruction totale de Varsovie. Il s’agit pour certains d’un acte fondateur – plutôt mourir libre que de vivre opprimé. Absurde pour d’autres, celui-ci ayant causé la perte du patrimoine architectural et culturel, la mort de l’élite intellectuelle.

varsovie-communiste

Après la guerre, la vieille ville a été reconstruite, à l’identique. En cinq ans à peine, une parfaite réplique de ce qu’elle fut. En foulant ses pavés, on peine à réaliser qu’ils ont moins de soixante-dix ans. Lorsque l’on s’éloigne du cœur historique, les ruelles tortueuses laissent place au gigantisme des avenues rectilignes, aux bâtiments massifs et autres statues à la gloire des bolchéviques. Le communisme a gravé sa faucille un peu partout. Entre ces constructions brutes, des tours ultra-modernes, immenses, singeant les gratte-ciels de Manhattan. La Pologne a désormais le cœur à l’ouest. Andrej, jeune étudiant en architecture, est fasciné par cet urbanisme à facettes. Ici, les rues sont schizophrènes, les ponts relient les rives de la Vistula comme les idéologies communistes et ultra-capitalistes.

Varsovie est laide, peut-être. Mais elle est le miroir d’une histoire qui est aussi la nôtre. Conseil de Poucettes : Ne passez pas votre chemin, mais cheminez donc quelques jours à travers le passé.
aurelie varsovie

Une réflexion au sujet de « War-shaw »

  1. mort de l’élite intellectuelle ? Pourtant, ces gens de Varsovie sont omniprésents et tellement brillants dans nos territoires occidentaux, beaucoup en France pour laquelle ils ont une vénération. Des liens si anciens qu’on ne s’interroge même pas sur leur existence

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