Espèce de Kaunas

Âmes sensibles, attention, nous vous invitons à ne pas aller au bout de cet article, qui comporte une scène insoutenable.

centre-europeTout a pourtant débuté sur les chapeaux de roues. En quittant la ferme, Michat et Waldek, nos premiers conducteurs du jour, nous ont offert une escale à Suchowola, ville supposée être l’exact centre géographique de l’Europe (information à prendre toutefois avec des pincettes puisqu’elles sont plusieurs bourgades à se disputer le titre). Mais faisons abstraction des querelles de voisinage. Pour l’heure, nous y sommes, en Europe. Au beau milieu exactement.

Mais pas du voyage… Puisque nous voyons la destination finale se rapprocher à toute allure. Le stop « marche bien ». Trop bien même… Nous avons souvent à peine le temps de poser nos sacs et de prendre en photo notre chère pancarte, qu’un camion s’arrête pour nous embarquer.

Dormun-bialystok-kaunas

Celui de Dormun ne déroge pas à la règle puisqu’il pile à notre approche. Son conducteur néanmoins, est moins chaleureux que le sont d’ordinaire les chauffeurs poids-lourds. Il répond à nos questions d’un air renfrogné (voire même, n’y répond pas).

Parce qu’il est russe ? Le sourire est un code social, qui au pays des Soviets, n’est certes pas automatique. Un sourire russe, nous le savons, ça se gagne. Ça se mérite même. Et pour en décrocher un à Dormun, il nous faut faire preuve d’un surplus de créativité.


Mais quelle récompense lorsqu’il stationne sur une aire de repos, et s’en va, mine de rien, nous acheter ce que nous appelons désormais « la traditionnelle glace du camionneur » !

aurelie-homme-nu-kaunasNotre meilleur calembour, lui a pourtant certainement échappé -puisque seuls vous, compatriotes francophones, pourriez (peut-être…) glousser comme nous n’y manquons pas, en découvrant le nom de notre destination : Kaunas. Une ville sur-mesure donc, pour nous qui en profitons pour exhiber nos blagues les plus subtiles…

aureli-sandra-espece-de-kaunas


À regret, nous ne nous attardons pourtant pas dans cette ville étudiante où nous étions hébergées chez Paulius, un jeune entrepreneur de 23 ans qui, entre autres business plus ou moins lucratifs, a créé une entreprise de « tourisme médical ». Pour 2500 euros, nous aurions pu, ni vu ni connu, donner du souffle à nos décolletés. Mais, nous renonçons à jouer les kaunas et repartons, n’en déplaise à certains, avec nos seins plus Birkin que Bardot.

KyriusÀ nouveau un camion – les routiers sont définitivement nos meilleurs alliés cette année. Celui-ci est lituanien, se prénomme Kyriu, se rend, comme nous, à Riga et est d’humeur joyeuse.

Trois heures durant, nous fredonnons avec lui les tubes d’un Chérie FM local et baragouinons dans un Allemand revisité. Une fois n’est pas coutume, nous parvenons à destination de bonne heure.

Là, Kyriu nous aide, tour à tour, à descendre de l’habitacle. Gentleman, il débarque nos deux sacs-à-dos. Lorsqu’il redémarre, on le salue de la main dans le rétroviseur, jusqu’à ce que son 38 tonnes disparaisse de nos champs de vision.

C’est à cette seconde précise, que nous réalisons qu’il manque quelque chose à notre attirail… Demeurée sur son tableau de bord : la pancarte ! Nous entamons une course effrénée et désespérée à sa poursuite. Peine perdue, il nous faut bien vite nous rendre à l’évidence…

Le symbole de nos errances, notre carburant d’autostoppeuses, celle qui nous a permis d’avancer jusqu’ici. Bricolée maison pour cette troisième édition (puisque les ardoises Cars des années précédentes n’existent plus), on la roulait, la rafistolait, la chouchoutait. Rien ne lui était refusé pourvu qu’elle nous mène jusqu’au bout.

Google-map-athenes-rigaSeule nous console la perspective qu’elle s’y rendra, à Helsinki (Kyriu nous a dit y faire de fréquentes livraisons). Oui, mais sans nous.

Avec elle, nous avons déjà parcouru 3800 kilomètres. Pour les 400 restants, nous voici réduites à user de pancartes de fortunes. Sans notre Velleda, nous nous sentons comme un Polonais sans Zubrowska.

Mais, Riga bien qui rira le dernier, avec ou sans elle, la ligne d’arrivée est presque à vue! 

Laisser un commentaire