«L’important n’est pas la destination mais le chemin», l’adage que nous avons fait nôtre n’a jamais été si à propos. Nous avons lutté contre la tentation de poursuivre dans le train qui nous entraînait hors de la lagune de Venise (moyennant une modique somme, en une heure trente, nous aurions pu arriver à Trieste en wagon climatisé…) mais courageuses (masochistes ?) nous descendons à Mestre comme prévu, loin d’imaginer alors la journée qui se profilait…
Une succession de cinq voitures pour faire cent kilomètres :
– Paulo, d’abord qui nous mène de la gare de Mestre à la première station d’autoroute (on a bien précisé « Station » cette fois, échaudées par l’histoire de la «quatre voies»).
– Cristian, pour les trente kilomètres suivants, beau commercial pour une marque… de gaz, et donc expert du réseau autoroutier, qui nous laisse sur « la plus belle aire des environs. »
– Tristan, Gaëtan, Antoine, Alexandre, Thibault et Timothée (oui vous comptez bien !). Six jeunes étudiants français entassés dans un monospace qui acceptent de partager les derniers centimètres cubes d’oxygène disponibles pour nous accueillir.
– Et Angeliko, jeune croate d’une trentaine d’années, qui décide de faire un détour pour nous accompagner en centre ville, mais qui, après deux minutes de marche émet un verdict catégorique : la ville est laide. Il rentre chez lui.
Si vous n’êtes pas dupes, vous aurez noté que le compte n’y est pas (encore…).
Il est déjà 18h lorsque nous atteignons Trieste. A peine une heure pour en faire le tour. Mauvais timing : trop court pour palper l’atmosphère, trop long pour nous permettre de rejoindre Ljubljana à temps. Nous prenons donc le parti d’un simple verre pour trinquer à la santé de l’écrivain local Paulo Rumiz (récente lubie d’Aurélie qui, faute d’avoir pu le rencontrer, interroge chaque autochtone à son sujet).
Marco et Sandro, joyeux propriétaires d’un troquet en bord de mer, nous indiquent la direction de l’autoroute, au sommet de la colline. Un de leurs amis nous conduit même à la station de funiculaire qui y mène. Malgré la pluie et une envie croissante de rester, nous décollons avec lui.
24 minutes d’ascension plus tard, nous dominons la baie de Trieste. Il pleut toujours,
la nuit tombe, et nous devons dégager de mauvaises ondes puisqu’aucun automobiliste ne daigne s’arrêter. La règle ferme étant « pas d’autostop la nuit », nous abandonnons une demi-heure plus tard.
Retour en ville, dans les ruelles investies par les terrasses. Toutes les personnes qui nous adressent la parole sont bienveillantes, aidantes, et l’art de vivre de cette cité aux portes de l’Europe de l’est achève de nous séduire. Marco, chez qui nous retournons, penaudes, appelle l’un de ses amis et déniche in extremis une petite chambre pour nous (un Bed & Breakfast sans breakfast, pour cause de réservation tardive…).
Réveillées à l’aube, nous profitons des premières lueurs du jour pour achever notre article en terrasse, au bord du « Grand Canal », avant de faire nos adieux à cette cité nichée entre mer et montagne, est et ouest. Conquises, et presque tri(e)stes de reprendre la route.