Objectif Transylvanie

« C’est quoi ta religion ? » De la même façon qu’en France la première question posée est invariablement « Tu fais quoi dans la vie ? » et dans les pays du sud : « T’es mariée ? T’as des enfants ? », en Roumanie, comme dans les Balkans l’an dernier, notre appartenance religieuse est LE premier sujet abordé dans les voitures.

Daniel a 23 ans, il est pentecôtiste et « missionnaire » de son église. Il nous embarque à la sortie de Timisoara pour le premier tronçon de la route qui, on l’espère, nous conduira ce soir en Transylvanie.

timisoara-Lugoj-danielIl conduit très prudemment et s’en justifie en nous confiant l’histoire de sa famille. Il y a neuf ans, son frère, sa sœur et ses parents se rendaient au village quand ils ont eu un accident de voiture. Sa sœur avait 18 ans, c’est elle qui conduisait. Elle a voulu doubler un camion qui les a heurtés de plein fouet. Le choc a été si violent que leur père est mort sur le coup. Daniel qui avait 14 ans avait ce jour-là choisi de rester à la maison. Depuis, sa mère n’a pas refait sa vie, son frère s’est radicalisé et sa sœur – après une tentative de suicide, n’a plus jamais retouché un volant. « Les routes sont dangereuses, en Roumanie particulièrement, parce qu’il n’y a pas d’autoroute. Pour aller plus vite, les gens doublent n’importe où ». (et n’importe comment nous pouvons en témoigner)

La prudence à cet instant est aussi dans les mots, choisis. Daniel balaye la gêne en une phrase « Maintenant, mon père est au paradis. La mort n’est que le début ». Voici donc à quoi sert la religion. À encaisser ?

chateau-dracula-roumanieÀ bord du véhicule suivant, qui nous conduit de Lugoj à Deva, l’ambiance est plus joyeuse. Florin insiste pour nous faire visiter un château de sa région. Frustré de son niveau d’anglais, il passe à son domicile de la banlieue de Deva chercher sa femme, institutrice, qui nous accompagnera et assurera la traduction.

Les cheveux rouges vifs, perchée sur des talons de 12 centimètres, Raluka rayonne dans ce château hanté. À l’instar de notre couple chouchou de Bulgarie, elle et son mari jouent les ambassadeurs. Peu importent les détours, ils sont prêts à tout pour nous laisser un bon souvenir de leur pays. Pari réussi, bien que cette escale compromette sérieusement la suite du trajet. À 16h30, nous sommes encore à quatre heures de route de notre destination.

Fort heureusement, le stop est monnaie courante en Roumanie (mais souvent « contre monnaie » – ce à quoi nous nous refusons, l’échange désintéressé étant partie intégrante de la philosophie de notre projet.)

17h: Les conducteurs se suivent et ne se ressemblent pas. 

andrey-georges-sandra-aurelie-iulia-clujLa conversation avec Gorje et Andrey est pour le moins pitoresque – eux qui s’adressent à nous respectivement (et exclusivement) en espagnol et anglais, et parlent roumain entre eux. L’habitacle de la Renaud 21 immatriculée à Marseille (nous ne saurons rien de plus de ce mystère) se change en véritable tour de Babel.

roumanie-mandinga_scale_930_620-2Andrey est passionné par l’Eurovision, sujet de son mémoire de fin de Master de journalisme. « Comment ça, vous ne connaissez pas les candidats français ? Ni le duo roumain arrivé troisième en 2010 ?! »

Sidéré par notre inculture télévisuelle, il tente de la combler tandis que Gorje, au volant, fait le récit de ses huit ans d’errance en Espagne – à travailler au black, dans le bâtiment, la restauration, les champs, souvent floué par ses employeurs profitant de son statut « d’illégal » (à l’époque). Les deux amis semblent n’avoir rien en commun. L’un est aussi pétillant et frivole que l’autre est sombre et profond.

Le stop nous offre décidément un panorama de témoignages contrastés. La suite du trajet ne déroge pas à la règle.

aurelie-cluj-panticeu-stopPour atteindre la maison de nos hôtes chez qui nous sommes invitées à séjourner dans le cadre de notre partenariat avec BedyCasa, nous avons reçu des instructions bien précises : Il nous faut traverser la ville de Kluj et nous poster devant le « Auchan Iris, ancien Réal » en face duquel un café baptisé Fresco Verde fait office de station pour autostoppeurs. Ici débute la chemin de terre battue qui mène au hameau de Panticeu.

Nous parvenons au fameux spot à près de 21h (entre temps, une grand-mère a prié pour nous, des faux-flics (vrais dragueurs) ont contrôlé nos passeports, une bande de jeunes gitans en sabots XXL nous ont fait (un peu) peur…).

On touche au but. Reste à trouver un véhicule charitable pour parcourir les trente derniers kilomètres, en pleine campagne… Cette journée ressemble de plus en plus à une chasse au trésor !

Une dizaine de personnes patientent elles aussi, pouces en l’air. Il faut attendre son tour. Lorsqu’arrive le nôtre, Sophika au volant accepte de nous conduire jusque la porte de nos hébergeurs.

rires-sophika-voitureL’incompréhension est totale avec cette femme avec laquelle nous n’avons pas un mot en commun mais ,excitées comme des puces, nous rions de nos malentendus. Le soleil se couche sur la campagne transylvanienne. Des cerfs nous saluent depuis l’immensité valonée. Nous y sommes, enfin.

Bienvenue-poucettes-panticeuEt un trésor nous attend bel et bien dans la maison de Roxana et Marc – comme une récompense après cette journée marathon. Sur le perron, une inscription à la craie : Bienvenue les Poucettes.

Le jeu vaut toujours quelques chandelles.

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Dernière ligne, pas très droite…

3h00
« Tu ne penses pas qu’on devrait rester un jour de plus à Sulina ? »
En vrac, Sandra énumère les arguments – des plus cartésiens aux plus absurdes: « ici c’est vraiment des vacances, on ne retrouvera pas un tel endroit, si on atteint Odessa après-demain, ça fera pile 28 jours… » Les contre-arguments d’Aurélie ne sont pas plus convaincants : « On s’était mis d’accord, on n’aura peut-être pas le temps en une seule journée, on ne verra rien de l’Ukraine… »

4h00
Incapables de prendre une décision, nous nous en remettons au hasard : un lei local tranchera. Sauf que la pièce roule sous le lit et demeure introuvable… 

IMG_41485h30
Le réveil nous tire d’une d’une nuit insomniaque, mais qui nous a tout de même porté conseil: c’est décidé, nous nous lançons à l’assaut de la dernière ligne droite.


6h30

Sur le pont, Sandra tente désespérément de retenir le ferry prêt à lever l’ancre. Aurélie est encore à quai, à la recherche d’un petit-déjeuner. Elle embarque tout juste à temps pour effectuer l’unique liaison quotidienne, depuis les confins du delta jusqu’à la métropole de Tulcea

IMG_7108Un pied à terre aussitôt suivi d’un pouce en l’air. Pas de temps à perdre, la journée s’annonce marathonienne. Filip et Sylvio l’ont bien compris. Père et fils acceptent de nous conduire d’une traite jusqu’à l’embarcadère de Galati.

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NB : La logique de ce trajet échappe certainement au lecteur non géographe. Ainsi la carte ci-contre fournira un précieux éclaircissement sur l'(il)logique de notre itinéraire. Notez qu’à vol d’oiseau, Odessa n’était qu’à quelques miles… Suivant l’adage que nous avons fait nôtre (l’important n’est pas la destination blablabla…) nous résistons à la tentation de parcourir le trajet en bateau (ok, admettons qu’il n’y en avait pas…). 

13h00
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Sur l’autre rive du Danube, la Moldavie n’est pas très loin. Pour l’atteindre, Viorel nous ouvre les portes de son véhicule et, par chance, son meilleur ami n’est autre que le «chef de la frontière roumaine»! Un coup de fil passé et ce dernier nous accueille tout sourire à son poste. «Elle est interdite aux piétons mais je vais vous arranger ça». IMG_7134D’autorité, il «conseille» à  la première voiture de nous prendre comme passagères. Grace à ce stratagème et à la complicité de Liubovi et Jorj, nous franchissons donc sans encombres la double frontière (c’est-à-dire, en échappant au racket des douaniers moldaves qui est légion) – non sans poireauter tout de même deux bonnes heures sous un soleil cuisant…

15h00
Le couple de « passeurs » nous dépose devant le poste frontière Ukrainien. Cette fois, nous sommes à pieds et – on est prévenues – ça peut nous coûter un bras… D’emblée, le commandant en chef (et en treillis) nous jette des oeillades aguicheuses. L’occasion de titiller deux jeunes femmes ne se présente pas si souvent. Nous aurons droit à toutes les attentions.

– Possédez vous des armes ? Couteaux, matraques, peper spray… ?
– Heu, non…

(La lacrymo nous semblant un moindre mal, nous préférons répondre par la négative à l’ensemble – alors qu’à vous lecteurs, on peut le dire, on a une petite, toute petite bombe…)
Mais bien vite, la supercherie est détectée par le rayon X du passe-bagage dans lequel on nous somme d’introduire les nôtres.

– C’est que… Heu… En fait nous n’avions pas compris la question…
– Ici, c’est interdit. Vous irez deux jours en prison. A moins que… Vous avez 10€ ?

Dépourvues de toute liquidité, nous tentons de négocier, de façon à éviter l’internement, sans pour autant nous soustraire à la corruption (les sourires niais ça marche?) En fin de compte, nous sommes simplement délestées de l’objet du délit et gratifiées d’un clin d’oeil libidineux : « Welcome to Ukrania ».

16h00
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L’ukrainien n’étant pas traité par notre guide de conversation, c’est en russe que nous tentons d’expliquer à Stepan et Nicolaï que nous voyageons en autostop. Rien n’y fait, ceux-ci nous déposent à l’entrée de la gare routière de Reni. Cependant, même si nous avions voulu tricher en empruntant l’un des bus locaux, nous aurions été bien en peine de le faire car la station est parfaitement déserte…

17h00
Vladimir ne va pas à Odessa mais peut nous conduire à Izmaïl, cela nous rapprochera. La ville n’est qu’à 50km mais il nous faut 1h30 pour l’atteindre compte tenu de l’état de la route. « c’est comme ça partout en Ukraine ? »

18h30
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Nous voici sur un rond-point, très exactement au beau milieu de nulle-part. Soudain, du néant – telle la seule âme vive de ce paysage lunaire – surgit un chien. Si il n’avait pas eu de laisse, nous aurions certainement pris peur. Mais à le voir là, ventre à terre et langue pendante, nous décidons de stopper sa course de dératé. L’animal est visiblement perdu. Que faire de lui? Nous partons en quête d’un candidat à l’adoption… 


Lorsque nous pénétrons dans une auberge, deux femmes nous gratifient d’un «comme il mignon votre chien !» Nous avons beau nous échiner à leur expliquer que ce n’est pas le nôtre, que nous l’avons trouvé là, elles ne nous croient pas. Il faut dire que notre protégé met du sien pour les convaincre du contraire. Lorsqu’alternativement, nous nous rendons aux toilettes, il hurle à la mort… 


Aurélie décide alors de l’attacher dehors et de croquer son portrait sur une affichette. Sandra consulte Google Translate afin de persuader nos hôtes incrédules : « ce chien a perdu son maître ».

IMG_7180Pendant ce temps-là, elles nous concoctent de quoi nous restaurer. Une demi-heure plus tard, nous délectant d’un bortsch maison, nous réalisons que notre compagnon s’est carapaté sans dire au-revoir… 

19h00
Plus de chien, pas de voiture, peu d’espoir. Et cette pancarte qui nous nargue… Odessa : 300 kilomètres. 

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On se donne une heure avant de trouver – sinon, nous retournerons chez nos copines aubergistes et leur demanderons asile pour la nuit (après cette journée de fou, ce sera le cas de le dire).

IMG_419419h30
Un couple s’arrête. Olga et Stanislav sont installés à Kiev mais rendent visite à leurs parents, à Izmail. Pas d’Odessa donc. Et Tatarbunary? (Que le premier lecteur qui a déjà posé un pied dans cette ville se manifeste sur le champ). Non plus.
Pourtant, ils nous font signe de monter. Le bord du chemin où nous sommes étant aussi peuplé que le Sahel, ils proposent de nous mener à un meilleur spot : une station essence (joie : ça faisait si longtemps). 

Par empathie, Stanislav décide de nous trouver lui même un conducteur. Ce qu’il parvient à faire en moins de trois minutes. Sauf que… Entre-temps, Aurélie réalise avoir, dans la précipitation, oublié son portable sur le bord de la route (près de feu le chien, donc). Ni une ni deux, notre super couple/sauveur file à sa recherche tandis que nous faisons la connaissance de Danis, l’odessite qui offre de nous conduire à destination… finale!

19h30
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Le téléphone récupéré, nous remercions Olga et Stanislav avec un enthousiasme qui doit leur échapper. Mais voyez plutôt : il y a 28 jours exactement, nous quittions Berlin. Grâce à eux, et à nos 39 autres conducteurs, nous ne sommes plus qu’à quelques heures du but.

20h00
La route va être plus longue que prévue. L’asphalte est grêlé de nids de poule et nous empêche de dépasser les 70 km/h (c’est donc vraiment partout comme ça…?). Cela au moins le mérite de nous permettre d’échanger avec Danis qui, par chance, parle anglais. Lorsque nous lui racontons l’histoire du « pepper spray » à la douane, il répond : « Ridicule! Ce n’est pas interdit ici. La preuve, tout le monde possède des armes. Là, par exemple, j’ai un gros couteau… »
– Ah… Et bien nous, on n’a même plus de pepper spray (mais toute confiance en lui, heureusement). 

21h00
A chaque carrefour, la police hèle un véhicule sur deux. « Pour eux, c’est tout bénéf’ parce que lorsqu’ils t’arrêtent pour excès de vitesse, ils te proposent soit de payer l’amende à l’État, soit de ne payer que la moitié, mais à eux ». Evidemment, la plupart des gens choisissent la deuxième option. Très rentable d’être flic…

IMG_7242Danis, qui auparavant était gogo dancer (on adore…), est désormais manager d’une entreprise de construction. Il explique que tout fonctionne à la corruption. « C’est un système à intégrer. Il y a peu de place pour les gens complètement honnêtes, si tu ne ruses pas un peu ici, tu es mort (ou pauvre, selon) ».

22h00
Preuve par l’exemple : Danis offre de faire un détour pour nous montrer l’ancienne forteresse Akkerman, à 80 kilomètres d’Odessa. Même si, après 16 heures de route, nous avons surtout hâte d’arriver, nous n’osons pas refuser.

– Mais… à cette heure-ci, ça ne risque pas d’être fermé?
– Si, c’est même sûr. Mais avec un peu d’argent, on peut ouvrir toutes les portes…

De fait, dès qu’il leur glisse des billets dans la main, les gardes nous invitent cordialement à pénétrer dans l’enceinte désertée.

IMG_7234Le lieu est à couper le souffle. Sous la (pleine) lune, nous déambulons dans les ruines du château qui domine un immense lac (excusez l’absence de précision de la description, mais à cette heure-là certains neurones ont sauté – comme nous sur la banquette arrière).

23h00
Ça y est, nous y sommes. Comme dans un rêve cotonneux, nous arrivons, enfin. Odessa, où c’est çà ? Et bien c’est juste là…

Et il semble que nos aventures ukrainiennes ne fassent que commencer (le fin mot de l’histoire, demain – si, comme nous, vous tenez jusque-là). 

Course éole

« Comment dit-on éolienne en anglais ? »

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Lonel l’ignore., bien qu’avec son frère Lucian, il ait participé à la construction de la seconde plus grande ferme éolienne d’Europe. Dans sa voiture, la cinquième depuis ce matin, on file comme le vent qui souffle dru dans la région. À 150 sur la nationale, même pas peur ! C’est que le type est un pilote.

 Nous ne pensions pas y arriver…

Ce matin, quitter notre « Mamie » bulgare a été un déchirement. Et puis, la plage de sable fin, le soleil enjoué, la mer noire si bleue et les « tsatsas » (fritures de petits poissons) semblaient s’être ligués pour nous retenir.

IMG_6997Que les sceptiques soient assurés que nous ne manquons pourtant pas de nous lever tous les matins à l’aube (après ces 28 jours, il nous en faudrait au moins autant pour récupérer, mais comme disait l’autre… « on dormira quand on sera mortes »).


Ce n’est donc qu’à 14h que nous avons quitté Varna.
Objectif : Roumanie.

IMG_4082Comme nous l’avions avoué dans notre tout premier article 2013, nous savions à peine où se situait Odessa lorsque nous l’avions élue destination de notre second périple. Et, plus nous en approchons, plus nous réalisons combien ce choix – peu stratégique – nous complique l’existence. Pour y parvenir, en moins de trois jours maintenant, il nous faut traverser la frontière Bulgare, puis la Roumaine, la Moldave et enfin l’Ukrainienne. Plus le choix donc : il faut lancer le sprint final.


IMG_6989Nous croyions moyennement en notre capacité à atteindre le delta du Danube avant la nuit (450 km plus loin, à l’extrême nord-est du pays).

Et notre départ pas franchement en flèche conforte le doute : trois véhicules en deux heures pour parcourir les 60 premiers kilomètres. Et puis, alors que nous revoyions nos ambitions du jour à la baisse, Andreea et Marius se sont arrêtés, sans même lire la destination inscrite sur notre pancarte.

– On voudrait traverser la frontière roumaine.
– On peut vous conduire jusqu’à Constanta… 

IMG_4094D’autant plus prodigieux qu’il prévoient de faire halte à Vama Veche, le village hippie où nous aurions aimé passer la nuit si nous en avions eu le temps. Un verre, huit pieds dans l’eau, juste le temps de se dire que l’on se serait senties bien sur les hamacs de cette terrasse. Ce voyage est un avant goût de tous les suivants…

 Dimanche, 19h, retour de week-end, embouteillages en direction de Bucarest… (les Roumains semblent trouver, comme nous, que les côtes Bulgares sont les plus belles).

Le trafic est dense mais nos nouveaux amis – bien qu’à 250 km de chez eux – n’hésitent pas à faire un détour invraisemblable pour nous laisser en lieu sûr, une charmante station aux abords du port de Constanta…

Il nous reste encore plus d’une centaine de kilomètres à parcourir tandis que que le soleil commence à rougir… On craint d’enfreindre notre règle (jamais de stop la nuit tombée) mais Lonel et Lucian nous aident à relever le défi. A les entendre, ils nous « sauvent la vie » (Eh oui, les statistiques sont formelles. Selon eux, nous avions 65% de chance de tomber sur un criminel. La survie ici, c’est précis).

Dans leur voiture, le vent s’engouffre par les fenêtres et la musique, à fond, s’en échappe. Nous nous faufilons entre les charrettes, doublons tout le monde en une course folle que rien ne ralentit.

IMG_7041Vingt kilomètres avant Tulcea, ils nous indiquent l’hôtel où ils logent pendant les six mois que dure leur nouveau chantier. « On va tout de même vous accompagner en ville. Vous pourriez avoir besoin de traducteurs pour trouver une chambre ». Nos « bâtisseurs de turbines » ont sacrément contribué à rendre possible notre pari du jour. Nous ne savons pas s’ils ont réellement compris ce que nous faisions là, l’histoire du Petit Poucet et tout notre tintouin, mais grâce à eux, on approche du but… Lucian baisse soudain la musique :

« Wind flower, on dit wind flower ! »

IMG_4115Le lendemain matin, nous tombons littéralement en amour avec Sulina, un village au confluent du Danube et de la mer Noire. Ses plages de sable noir, son ciel constellés d’oiseaux migrateurs et ses quadrillages de canaux sont notre Ohrid 2013. Il faut vraiment partir, si vite ? Odessa, pourquoi déjà ?

Alors que l’on se demande si l’on reste, que l’on tire à pile ou face en dégustant nos poissons grillés, une chanteuse folk entonne : « the answer my friend, is blowing in the wind, the answer is blowing in the wind ».

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